Tuesday, December 6, 2016

En premier lieu, tenter de feindre




En premier lieu, tenter de feindre, puis feindre vraiment, puis ne plus consulter, ne plus savoir, laisser faire ceux qui se sentent supérieurs, programmer une chaîne d’incompréhensions, le regard malhabile devant le déconcertant, tellement en retard, dangers mis à distance, le tout résolument tourné vers un avenir acquis, les écarts assumés, en question, l’autonomie et la stabilité, non pas comme un état mais comme une nature sociale, ce qui prend de la consistance, s’étoffe, douce odeur de fraîcheur, repos jadis volé, image suspendue d’êtres encagés, abandonnés, obsolescence du système, travaux inachevés, l’hypnose n’a plus d’effet, le cadre peut faire sens, offrir l’espace nécessaire pour qu’un sujet inattendu surgisse, un corps insoupçonné, ayant face à lui ce qu’il admire, conscient de son asymétrie, absorbant tout l’air disponible, au bord d’une falaise, bras ouverts, tournant sur lui-même, riant de provoquer les mouvements insensés de nuages dispersés, envoûtés, l’émotion gagnant la gorge, se faisant cri de larmes parce que les voies de respiration ne sont plus obstruées, où subitement tout devient chant, poème, distraction, une foule s’unissant pour ponctuer le temps de chacun, heureuse de commencer à vivre dans l’univers fictif, l’Éden de la joie, s’envolant, explorant, les visages comme accrochés à l’immense mobile de l’enfance, bras tendus, éclats d’expressions incontrôlées quand le réconfort s’aperçoit enfin au-dessus du berceau de l’âme, chers thèmes, à qui s’adresse la correspondance, la concomitance, restés se développer, se soigner, se nourrir, là où se sont vus les horizons naïvement rosés de l’aube éternelle.